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LE DRUGEON INSCRIT SUR LA LISTE VERTE DE L’UICN
L’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue a le grand plaisir d’annoncer que le site Natura 2000 « Bassin du Drugeon » fait partie des 7 nouveaux sites qui ont officiellement été inscrits le 20 avril 2021 sur la Liste verte des aires protégées et conservées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
La France compte aujourd’hui le plus grand nombre de sites inscrits sur la Liste verte avec 22 sites sur 59 dans le monde.
Cette reconnaissance mondiale récompense une bonne gouvernance, une planification solide, une gestion efficace et des résultats obtenus pour la conservation de la nature.
Nous sommes d’autant plus fiers que la vallée du Drugeon est le tout premier site Natura 2000 à être labellisé, au monde, ce qui récompense bientôt 30 ans de gestion sur ce site.
Cette inscription sera mise en avant lors du congrès mondial de la Nature de l’UICN qui se tiendra à Marseille du 3 au 11 septembre 2021.

Les nombreux travaux et plans de gestion réalisés ou en cours portent leurs fruits pour la reconquête de la quantités et de la qualité des eaux sur le bassin ainsi que la préservation des milieux permettant la reprise de la dynamique des populations spécifiques de faune et de flore.

Communications liées à cet événements:
UICN: 7 nouveaux sites français sur la Liste verte des aires protégées et conservées !
UICN: Dix aires protégées en Suisse, en France et en Italie entrent sur la Liste verte de l’UICN | UICN
France Info : Biodiversité : la « liste verte des aires protégées et conservées » intègre sept nouveaux sites en France
EXTENSION DE LA LABELLISATION DU SITE RAMSAR « TOURBIERES ET LACS DU MASSIF DU JURA »
Le 02 février 2021, à l’occasion des Journées mondiales des zones humides, ce patrimoine emblématique de la montagne jurassienne rejoindra le réseau des 50 sites labellisés Ramsar en France. Une reconnaissance internationale Ramsar pour un patrimoine naturel d’exception, qui intervient alors que la convention internationale Ramsar fête ses 50 ans.
Tourbières et lacs d’altitude marquent l’imaginaire de la montagne jurassienne. Refuges d’une biodiversité rare et remarquable, ces zones humides jouent aussi un rôle primordial dans la préservation de la ressource en eau et dans l’adaptation au changement climatique.
Cette reconnaissance vient surtout souligner le souhait de 52 communes du Haut-Jura et du Haut-Doubs de valoriser leur patrimoine naturel à l’échelle internationale, de manière collective, pour un site à l’échelle du massif, de Pontarlier à Saint-Claude. Elle montre aussi leur volonté de continuer à préserver ces joyaux du territoire.
Film de présentation de l’officialisation de l’extension du site Ramsar « Tourbières et lacs de la montagne du massif du Jura » – 2 Février 2021
Labellisation Ramsar : de quoi parle-t-on ?
Ramsar est le nom d’une convention internationale adoptée le 2 février 1971 (dans la ville de Ramsar en Iran) pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources.
Unique au monde dans la mesure où elle porte sur un seul écosystème, en l’occurrence les milieux humides, elle vise à enrayer leur dégradation ou disparition, en reconnaissant leurs fonctions écologiques, ainsi que leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative. Par ailleurs, la convention Ramsar sert de cadre à l’action nationale et à la coopération internationale.
Plus précisément, la Convention de Ramsar lutte pour prévenir, faire cesser et inverser la perte et la dégradation des zones humides.
Avec les parties contractantes, ses partenaires et les Organisations Internationales Partenaires (OIP), elle :
- Encourage les politiques et les plans d’aménagement du territoire qui tiennent compte des questions relatives aux zones humides
- Suscite l’intérêt du public pour les avantages et services procurés par les zones humides
- Veille à attirer d’importants investissements pour mieux sensibiliser en collaborant avec des acteurs du secteur privé
- Forge des alliances entre le secteur privé et le secteur public pour inverser la perte et la dégradation alarmantes des zones humides
- Développe les sources de financement pour la conservation et la gestion des zones humides.
2 414 sites sont labellisés Ramsar dans le Monde
dont 50 sites Ramsar en France.
Une extension du label à l’échelle du massif du Jura
Jusqu’à ce jour, il existait un seul site labellisé Ramsar en Bourgogne Franche-Comté (sur 50 sites en France), le Bassin du Drugeon (labellisé en 2003). Situé dans le Doubs, il s’étendait sur 12 communes (5 978 ha) entre Pontarlier et Frasne.
La Communauté de communes Frasne-Drugeon, à l’initiative de cette reconnaissance, a depuis transféré sa compétence zones humides et milieux aquatiques à l’EPAGE (Etablissement Public d’Aménagement et de Gestion de l’Eau), qui en est l’animateur et le gestionnaire principal.
Le Parc Naturel Régional du Haut-Jura et l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue sont engagés dans le programme LIFE « tourbières du Jura », avec d’autres partenaires régionaux :
– Le Conservatoire d’Espaces Naturels de Franche-Comté, en tant que coordinateur
– L’Association de gestion de la Réserve naturelle du lac de Remoray
– La DREAL Bourgogne Franche-Comté
– Le Syndicat Mixte du Dessoubre.
L’ampleur de ce programme LIFE, qui a permis de restaurer près de 60 tourbières en Franche-Comté entre 2014 et 2021, a favorisé une dynamique collective du territoire autour des tourbières et de la restauration des zones humides.
Les actions concrètes menées ont abouti à une réelle prise de conscience des élus face aux enjeux qui pèsent sur ces milieux, en lien notamment avec la conservation de la biodiversité, les impacts potentiels du changement climatique et la préservation de la ressource en eau.
Suite au séminaire national Ramsar organisé en 2017 à Labergement-Sainte-Marie (Doubs), plusieurs communes ont souhaité valoriser leur patrimoine naturel au travers de cette reconnaissance internationale.
Après un travail d’animation et de concertation du Parc et de l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue, ce sont 40 nouvelles communes* qui ont affirmé leur volonté de rejoindre le site Ramsar, en plus des 12 de l’actuel site du Drugeon marquant un véritable élan collectif en faveur de la préservation des tourbières, milieux emblématiques du massif du Jura.
*Les communes sont citées en fin d’article
Le premier site de montagne du réseau RAMSAR en France :
– 12 sites Natura 2000,
– 12 grands ensembles de tourbières,
– 18 lacs naturels.

Le site Ramsar « Tourbières et lacs de la Montagne jurassienne » s’appuie principalement sur 12 sites Natura 2000 du Haut-Doubs et du Haut-Jura sur une surface totale de 12 134 ha. Il intègre 125 tourbières. Cela représente 36 % de la surface recensée dans le massif jurassien (Suisse et Ain compris) et 66 % de la part franc-comtoise.
De manière exhaustive, les zones suivantes sont intégrées dans le périmètre du site :
• Les zones humides du bassin du Drugeon (25)
• Les tourbières de Malpas (25)
• La tourbière de La Cluse-et-Mijoux (25)
• Les tourbières et zones humides du bassin du lac de Remoray (25)
• Les tourbières du Haut-Doubs (Mouthe et les Combes derniers 25)
• Les tourbières de Chapelle-des-bois/Bellefontaine (25-39)
• Les tourbières du complexe des 7 lacs (39)
• Les tourbières des Foncines (39)
• Les tourbières du Grandvaux et Combe du Nanchez (39)
• Les tourbières des Prés de Valfin, du Loutre et environs (39)
• Les tourbières de la vallée de l’Orbe (39)
• Les tourbières de la Combe du lac (39)
Il intègre également un ensemble de 18 lacs naturels soit l’essentiel des lacs naturels au-dessus de 800 m d’altitude du massif, pour un total de 1 051 ha :
• Lac de Bouverans (25)
• Lac Saint-Point (25)
• Lac de Malpas (25)
• Lac de Remoray (25)
• Lac du Trouillot (25)
• Lac des Mortes (25-39)
• Lac de Bellefontaine (39)
• Lac à la Dame (39)
• Lac de Fort-du-Plasne (39)
• Lac des Rouges Truites (39)
• Lac d’Ilay (39)
• Lac de Narlay (39)
• Lac du Vernois (39)
• Lacs du Petit et Grand Maclu (39)
• Lac de Lamoura (39)
• Lac de l’Abbaye (39)
• Lac des Rousses (39)
Au-delà de la reconnaissance, des enjeux forts pour le territoire
Reconnaissance internationale de la qualité des milieux humides, le label Ramsar est aussi un outil d’animation et de gestion coordonnée des actions en faveur de la préservation de ces zones humides.
L’extension du site Ramsar répond donc à des enjeux majeurs à l’échelle des montagnes du Jura, tant en termes de biodiversité, de gestion de la ressource en eau, de paysages que d’adaptation au changement climatique.
- Une biodiversité rare et unique
Le nouveau site Ramsar représente le plus grand ensemble français de complexes de bas-marais alcalins et de haut-marais de montagne. Il ne constitue pas en tant que tel un « hotspot » de biodiversité, mais compte-tenu de la spécificité de ces milieux (tourbe + montagne + réseau hydrologique important et connectif entre petits et grands systèmes (lacs)), les espèces présentes y sont « super-adaptées », et d’autant plus menacées par les évolutions en cours (impacts anthropiques et changements climatiques).
Le maintien d’un réseau dense et connecté de milieux humides, tourbeux ou non, et aquatiques est la seule garantie de maintien de ces espèces. C’est indispensable pour certaines espèces à l’accomplissement de leur cycle de vie, mais c’est indispensable également car certaines espèces seront amenées à se déplacer avec le changement climatique.
Par ailleurs, le site abrite des espèces rares, que l’on ne trouve en France que dans le site Ramsar : une plante, la Saxifrage œil-de-bouc (Saxifraga hirculus) ; un oiseau, l’Aigle pomarin (Clanga pomarina) ou encore un escargot, le Vertigo édenté (Vertigo genesii).
- Un stock de carbone à conserver
Les tourbières constituent un stock de carbone dont il faut éviter le relargage dans l’atmosphère. Le site, en l’état actuel de nos connaissances encore incomplètes, représente 1896 ha de zones tourbeuses.
Aussi, évalué sur une moyenne de 2 m de profondeur, cela représente un stock de carbone de 2 660 000 t de carbone (1400t/ha/2m d’épaisseur moy. – Roßkopf et al., 2015).
Maintenir l’équilibre écologique des tourbières, c’est conserver ce stock dans le sol et éviter qu’il ne soit relargué dans l’atmosphère sous forme de gaz à effets de serre.
- Des alliées pour atténuer les impacts du changement climatique
Les milieux humides en général jouent un rôle de tampon hydrologique lors d’évènements extrêmes (sècheresses, crues), de plus ou moins grande efficacité selon la nature des zones humides. La préservation de grandes surfaces de zones humides préservées constitue des zones de réserve pour l’étalement des crues
Pour plus d’éléments sur ce sujet, vous pouvez consulter une fiche d’information réalisée pour l’ADEME « Réhabiliter les tourbières du Jura pour s’adapter aux changements des régimes hydriques » – https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/ademe-fiche-haut-jura-1107-bd.pdf
- Des paysages emblématiques
Les vallées jurassiennes, parsemées de lacs, petits cours d’eau et tourbières complètent les monts boisés dans la reconnaissance locale et constituent en tant que tel un patrimoine paysager remarquable. Certaines zones bénéficient par ailleurs d’une inscription ou d’un classement au titre du patrimoine paysager.
Périmètre du site Ramsar « Tourbières et lacs de la Montagne jurassienne »
LISTE DES COMMUNES
- Communes issues de l’ancien site Ramsar du Bassin du Drugeon (25)
Bulle
La Rivière Drugeon
Sainte Colombe
Les Granges Narboz
Houtaud
Chaffois
Frasne
Vaux et Chantegrue
Dompierre les Tilleuls
Bouverans
Bonnevaux
Bannans
- Communes intégrées dans le nouveau site Ramsar « Tourbières et lacs de la Montagne jurassienne »
Bellefontaine – 39
Bief du Fourg – 39
Bois-d’Amont – 39
Boujailles – 25
Brey-et-Maison-du-Bois – 25
Chapelle-des-bois – 25
Chaux-du-Dombief – 39
Foncine-le-Bas – 39
Foncine-le-Haut – 39
Fort-du-Plasne – 39
Gellin – 25
Grande-Rivière-Château – 39
La Chaumusse – 39
La Cluse et Mijoux – 25
La Planée – 25
La Rixouse – 39
Labergement-Sainte-Marie – 25
Lac des Rouges Truites – 39
Lamoura – 39
Le Frasnois – 39
Les Fourgs – 25
Les Grangettes – 25
Les Pontets – 25
Les Rousses – 39
Les Verrières de Joux 25
Les Villedieu – 25
Malbuisson – 25
Malpas – 25
Mignovillard – 39
Montperreux – 25
Mouthe – 25
Nanchez – 39
Oye et Pallet – 25
Prémanon – 39
Reculfoz – 25
Remoray/Bougeons – 25
Rochejean – 25
Saint-Claude – 39
Saint-Laurent-en-Grandvaux – 39
Saint-Point-Lac – 25
Lien vers le site internet de Ramsar France :
https://www.ramsar.org/fr/zone-humide/france
chantier de défrichement manuel de la tourbière du Varot à Bonnevaux
En ce mois d’octobre, le chantier de défrichement manuel de la tourbière du Varot à Bonnevaux a commencé. C’est l’entreprise de travaux forestiers Laurent Mathieu, de Frasne, qui a été retenue pour la réalisation des travaux.
Ce chantier est réalisé dans le cadre du contrat Natura 2000 de maintien de milieux humides ouverts du site Natura 2000 du bassin du Drugeon, porté par l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue et financé par l’Etat et l’Union européenne.
Cette tourbière de haut-marais, qui émerge au bout du lac de Bouverans, a été anciennement exploitée pour sa tourbe. Le drainage occasionné en bordure de tourbière provoque un enfrichement prématuré du site.
Le but du chantier est donc de maintenir un site favorable aux espèces spécifiques de milieux humides ouverts et semi-ouverts, en coupant les rejets de bouleaux et autres ligneux, dont le développement conduirait à terme à la reconquête de cette zone humide par des espèces de port haut, induisant à terme une fermeture du milieu sous la forme d’un climax forestier, et limitant les capacités de stockage en eau, propres aux substrats tourbeux.
Toutes les opérations sont conduites manuellement, à la débroussailleuse et tronçonneuse, car aucun engin ne peut pénétrer sur ce site aux sols fragiles et peu portants. Cet entretien adapté permet d’autant plus de préserver les espèce végétales et animales particulières qui s’y développent.
Les rejets éliminés sont mis en tas sur place et constitueront de bons abris pour la faune, entre autre pour les reptiles inféodés à ce type de milieu.




Camille Barbaz
Amélie Barbier-Dodane
Suivi Milan royal : Bilan 2020 de la reproduction

Volontiers charognard, ce rapace capture également de nombreux rongeurs (campagnols notamment lors des pullulations). Ce rapace protégé en France et d’intérêt européen (inscrit à l’annexe I de la directive « Oiseaux ») bénéficie d’un statut de conservation qui reste préoccupant à l’échelon national. Par conséquent, dans le cadre du Plan National d’Actions en faveur du Milan royal, il fait l’objet d’un suivi régulier en période de reproduction sur une partie du territoire de l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue.
Deux secteurs sont suivis tout particulièrement depuis plusieurs années : il s’agit des sites Natura 2000 des vallées de la Loue et du Lison (350 km2) et du bassin du Drugeon (150 km2).
En 2020, 32 couples nicheurs ont été suivis durant la période de nidification. Au moins 25 couples se sont reproduits avec succès produisant un minimum de 33 jeunes à l’envol, soit un taux de reproduction moyen minimum de 1,32 jeunes par couple.
L’année 2020 reste globalement une bonne année pour la reproduction du Milan royal, en raison notamment d’un printemps relativement doux et sec durant la période critique de la couvaison et de l’éclosion des jeunes.
L’évolution du nombre de couples nicheurs depuis le début des suivis il y a une dizaine d’années est globalement stable, voire légèrement à la hausse.
Malgré une sensibilisation importante engagée depuis de longues années auprès des propriétaires et des gestionnaires forestiers, les travaux forestiers durant la période de reproduction du Milan royal restent la principale cause de dérangement identifiée.
A savoir que la période de reproduction du Milan royal débute mi-février pour un envol des jeunes fin juillet.
Une vigilance particulière devra être menée les années à venir au vu de l’évolution actuelle des forêts jurassiennes (dépérissements causés par les sécheresses et le développement des scolytes, …).
Emmanuel CRETIN
Lolériane SONVICO
Michel SAURET
Camille BARBAZ