L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a lancé en 2015 l’appel à projets « renaturer les rivières et lutter contre les inondations » à l’attention des syndicats de bassin versants et des intercommunalités. Clôturé en juin 2016, 66 dossiers ont été retenus, dont le projet de restauration de la Morte à la Cluse-et-Mijoux, s’accompagnant d’un taux d’aide exceptionnel de 80 % contre 50% habituellement.
L’objectif affiché de l’appel à projet est clairement d’encourager les gestionnaires à initier des projets qui préfigurent l’exercice de la future compétence GEMAPI : associer restauration des cours d’eau et lutte contre les inondations en ménageant plus d’espace à la rivière et en permettant le ralentissement des écoulements.
La caractère vertueux de ce type de projet consiste en ce que les actions de restauration morphologique du cours d’eau permettent à la fois d’augmenter l’attractivité de la rivière et de ses zones humides associées pour les espèces y vivant, et à la fois d’apporter un réel gain en matière de lutte contre les inondations en favorisant le ralentissement des eaux de crue et en leur permettant de s’étaler dans des zones d’expansion dédiées.
Le projet de restauration de la Morte porté par le Syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs répond à ces deux enjeux.
Fortement rectifié au moment de la construction de la voie ferrée qui traverse la cluse-et-Mijoux, le cours d’eau a été amputé du 1/3 de son linéaire. Une partie des zones humides ont ensuite été asséchées pour l’aménagement d’un lotissement. Le résultat est qu’en plus de rendre le cours d’eau beaucoup moins intéressant en termes d’habitats pour les espèces, cette situation a augmenté le risque d’inondation en favorisant des crues plus violentes de par leur rapidité et l’impossibilité pour les eaux de s’étaler dans des espaces privilégiés.
Le projet doit donc répondre à cette double problématique en reprenant les méandres historique de l’ancien tracé et en resserrant le lit du cours d’eau. Techniquement, la Morte pourra ainsi réajuster son gabarit en période de crue et remobiliser des matériaux dans le cours d’eau. La fonctionnalité des milieux humides en sera augmentée, ainsi que l’habitabilité du cours d’eau par les espèces qui y vivent. En effet la hauteur d’eau du ruisseau aujourd’hui d’une dizaine de centimètres en période sèche sera alors de 30 à 40 centimètres.